Atelier ATIC-ATT-GIZ : Plaidoyer pour une meilleure valorisation de la Propriété Intellectuelle

À l’occasion de la Journée Internationale de la Propriété Intellectuelle, l’Association Tunisienne des Investisseurs en Capital (ATIC) et l’Association des Technopôles Tunisiens (ATT), en partenariat avec la GIZ Tunisie, ont organisé un atelier-débat percutant sur le thème : « La Propriété Intellectuelle : Actif stratégique & Levier de financement pour innover en Tunisie ».

Cet événement a réuni des acteurs clés de l’écosystème de l’innovation et de l’investissement pour explorer le rôle essentiel, et souvent sous-estimé, de la PI en Tunisie.

Les discussions ont d’emblée mis en lumière un changement fondamental dans l’économie mondiale : plus de 80% de la valeur réside désormais dans les actifs immatériels tels que les brevets, les marques et les logiciels. Face à ce constat, il est devenu primordial pour la Tunisie de déplacer son focus traditionnel des actifs tangibles (bâtiments, machines, immobilier) pour mieux identifier, protéger et valoriser cette richesse immatérielle.

Du point de vue des investisseurs, cette évolution signifie que la propriété intellectuelle doit intégrer les critères d’évaluation des entreprises de manière beaucoup plus significative, au-delà de la simple analyse des bilans physiques. Une PI bien gérée est non seulement un moyen de sécuriser les investissements, mais aussi un puissant levier pour augmenter la valeur future des entreprises accompagnées.

Il a été rappelé qu’une propriété intellectuelle solidement protégée, surtout à l’international, constitue un véritable passeport pour la conquête de nouveaux marchés. La protection limitée au territoire tunisien s’avère souvent insuffisante pour valoriser pleinement les inventions et innovations sur la scène mondiale. Pour les investisseurs, cette protection internationale est également un facteur clé pour optimiser les valeurs de sortie.

Le panel dédié au financement a souligné l’un des défis majeurs actuels : la complexité de la valorisation des actifs immatériels. Si la valeur comptable est une donnée tangible, capter et évaluer la valeur future, celle qui réside dans l’innovation et la PI, reste une tâche ardue. Une perception parfois divergente de la valeur entre évaluateurs et investisseurs a été identifiée comme un point critique pouvant freiner les décisions d’investissement. Cela appelle à un alignement accru et à plus de flexibilité entre les innovateurs, les experts en évaluation et les bailleurs de fonds.

Dans le contexte actuel marqué par l’essor de l’IA et du Big Data, l’atelier a insisté sur le fait qu’une politique de gouvernance des données robuste n’est plus une option, mais une nécessité absolue. L’adoption de chartes éthiques, notamment pour encadrer l’utilisation de l’IA et garantir la protection et la confidentialité des données, devient indispensable pour instaurer la confiance, fondement de toute collaboration et de tout investissement réussi.

Enfin, l’atelier a mis en exergue l’urgence d’une action concertée. Il est essentiel de démystifier la propriété intellectuelle, dont de nombreux concepts restent méconnus et nécessitent d’être vulgarisés auprès des entrepreneurs. Il faut également adapter les méthodes de valorisation aux spécificités des actifs immatériels et renforcer l’écosystème dans son ensemble – y compris par la formation d’un pool de consultants spécialisés en PI, potentiellement en partenariat avec l’INNORPI et l’OMPI. L’objectif commun est de transformer plus efficacement le potentiel d’innovation tunisien en succès économiques concrets.